LE RASSEMBLEUR

 » J’ai toujours eu le besoin de « rassembler », ma conviction la plus profonde étant que nous ne sommes rien les uns sans les autres. »
Max van der Linden (1967)

Et, de fait, Miqui eut le don de créer des rencontres, des harmonies nouvelles, des accords inattendus. Gens des villes, gens des villages, artistes, musiciens, amateurs, professionnels, groupe de jeunes, Fêtes de Tourinnes, Maisons des amis… Il a éveillé les coeurs aux perceptions fines, à l’amitié sans frontières car de son regard émanait une fraîcheur empreinte d’émerveillement, une lumière qui portait la paix

Les fêtes de la Saint-Martin : une création de Max van der Linden

Depuis 1965, chaque année durant le mois de novembre, le village de Tourinnes-la-Grosse et les villages environnants voient s’épanouir une floraison d’expositions : artistes invités, artistes en liberté offrent leurs oeuvres à partager. Dans l’église romane toute illuminée, un spectacle collectif rassemble comédiens, choristes et musiciens autour d’un texte créé pour la circonstance ou adapté du répertoire classique.

Quatre week-ends de fêtes préparés pendant de longs mois. Une vaste communion fraternelle ayant pour emblème le geste de saint Martin partageant son manteau. L’art n’est-il pas essentiellement partage ?
C’est ainsi que l’avait rêvé Max van der Linden, créateur et inlassable artisan des Fêtes.

Pour tout renseignement sur les prochaines Fêtes de la Saint-Martin : Tél.00 32 10 86.04.34 ou www.tourinnes.be

Les Maisons de mes amis

L’œuvre la plus récente s’intitule « Les Maisons de mes amis ». Et cela a été sans aucun doute, un travail de longue haleine qu’il a entrepris là, tant sont nombreux les amis de Max.


Encore ne s’agit-il que de ses amis artistes; les autres, tout autour de lui depuis si longtemps, sont représentés dans bon nombre de ses céramiques; tantôt tels qu’ils sont dans une attitude familière; tantôt modèles d’un personnage de parabole, ou simplement symboles, méconnaissables dans l’apparence, mais si présents pour l’initié.
S’il est l’inspirateur et l’artisan des spectacles et concerts, puis ensuite des Fêtes, c’est aussi pour et avec ses amis des villages et des villes qu’il les a créés, qu’il leur a communiqué cet élan chaleureux si particulier à Tourinnes. Max et Tourinnes sont, dans l’esprit de beaucoup, devenus, sinon synonymes, tout au moins non dissociables l’un de l’autre. Cette amitié fidèle que, semble-t-il, rien ne peut entamer, cette disponibilité d’un cœur toujours ouvert à l’accueil, me paraissent former la trame de l’image que chacun de nous a de Max van der Linden.
Yves Auquier

Ce que Max en disait : « J’ai le bonheur d’avoir beaucoup d’amis artistes, c’est pourquoi j’ai entrepris de réaliser une œuvre qui célébrerait cette amitié et me garderait ces amis à portée de la main.
Le charme principal de cet ensemble, sa valeur essentielle sans doute, réside dans le fait que les artistes ont accepté d’y insérer une de leurs œuvres ».

(L’oeuvre est mise en dépôt par l’asbl Max van der Linden au Musée L de Louvain-la-Neuve)

Témoignages de quelques amis artistes représentés dans la grande frise « Maison de mes Amis »

« C’était, je pense, en 1968, j’avais fait, pour les jeunes chorégraphes de Béjart une chorégraphie sur le De Profundis de Lalande.
Miqui, étonné de voir un danseur choisir un sujet religieux, m’a écrit. Je ne lui ai répondu que 8 mois plus tard et il m’a alors invité chez lui, J’ai été fasciné. Il faisait tout calme. Il me racontait des histoires que j’écoutais comme un gosse: L’histoire des Saints qu’il façonnait dans la terre, l’histoire de la chapelle Gosin, de tous les personnages qui y vivaient. Tous ces gens rayonnaient à travers lui. Cela me faisait beaucoup de bien, je me sentais à la fois près de la terre et de l’esprit. Auprès de lui, je me sentais dans une sorte d’état éveillé à la perception de mille choses précieuses, les sons, les couleurs, les odeurs, l’été.
Quand il parlait de la musique, c’était le même phénomène ; s’il racontait Mozart, il vivait vraiment Mozart. Miqui était un grand conteur, plein d’humour ; dans ses céramiques également, il s’exprime en conteur, il n’a jamais choisi le langage intellectuel mais il est resté entre l’eau et le ciel dans sa façon de créer.
Il m’a apporté calme et confiance dans la démarche de peintre que j’ai commencée très tard :  » Tu sais, Romano, me disait-il, les choses viennent toujours au moment propice. » Il m’a appris à aimer les gens, à aimer les choses toutes simples. »
Franco Romano Bortolotti

« Il est toujours difficile de parler de ceux que l’on a beaucoup aimés. La mémoire est telle que l’on se demande s’ils ont vraiment existé… si proches. Max déposait souvent des messages pleins de poésie sur mon répondeur. Quand j’avais la chance de participer aux Fêtes de la Saint-Martin, il me parlait des gens qui étaient déjà venus ou qui se réjouissaient de venir. Moments privilégiés.
Il avait aussi une façon bien à lui d’apparaître et de disparaître sans que l’on s’en rende vraiment compte – c’est d’ailleurs un peu comme cela qu’il est parti – mais il avait une telle présence, celle qui nous manque dans nos sociétés en perpétuelle agitation. J’aimais le moment où il ouvrait la porte de son atelier.
J’aimais aussi ces moments, parfois très courts, où l’on se rencontrait à Tourinnes ou à Bruxelles, instants pleins d’émotion, de poésie. C’était la même chose avec Albert Dasnoy à Jolimont.
Cette écoute, cette disponibilité de Max, cela a marqué les êtres autour de lui. Il faut que les Fêtes de la Saint-Martin continuent comme il les avait inventées car, à Tourinnes, on vit un autre temps, à la fois intérieur et dans la réalité. Nous sommes là pour faire apparaître l’invisible et tout à coup, nous sommes projetés dans quelque chose de bien réel. Les êtres sont là avec leur accueil si généreux, si chaleureux, on les aime, on raconte des histoires.
Max inventait des rencontres, des partages.Toute œuvre d’art commence à exister avec le premier spectateur. Je me souviens des premières expositions partagées, à Tourinnes, avec Camille De Taeye. Max me demandait souvent de lui parler de mon travail. Il aimait la simplicité des matériaux. Lui me racontait ses petits pèlerinages à la chapelle Gosin, il me parlait de Bach, de Saint François, de ses rencontres avec le roi Baudouin. Quelques minutes suffisaient à nous nourrir du bonheur de s’être revus. »
Jephan de Villiers

« J’étais toujours frappé en allant chez Max par une suite de contrastes. On entrait d’abord dans cette immense ferme, très belle, puis on arrivait dans son atelier, un tout petit lieu où le grand tableau de Delvaux attirait toute l’attention. Il y avait sa table de travail, assez étroite elle aussi, et on était invité à s’asseoir dans des fauteuils plutôt délabrés. Je me disais : « C’est là qu’il reçoit le roi, c’est là qu’ils évoquent l’avenir de la Belgique ! »
Max avait le don de mettre les gens en confiance car il avait un grand pouvoir d’écoute. On pouvait tout lui raconter. Combien de confessions n’a-t- il pas entendues justement parce qu’il connaissait les faiblesses de la nature humaine et ne dramatisait jamais rien. Au contraire, chacun trouvait chez lui indulgence et encouragement. Max était très religieux, bien sûr, mais il avait en outre le sens du sacré, du grand sacré éternel qui dépasse de loin les 2000 ans de christianisme et plonge ses racines dans l’histoire de l’humanité : la communication terre-ciel. »
Simon du Chastel

« Miqui est venu me voir un jour car il cherchait un dessinateur pour l’affiche des Fêtes de la Saint-Martin. Nous sommes très vite devenus amis. Je l’aidais en lui proposant des noms d’artistes pour les expositions à Tourinnes ; car du fait que je donne cours à la Cambre, je connaissais nécessairement davantage de jeunes. Miqui était généralement ouvert à mes suggestions mais il lui est arrivé de refuser certains artistes ne correspondant pas à son grand critère de choix: « est-ce que cela va plaire au public de Tourinnes, est-ce que cela ne va pas choquer? ». Il estimait, en effet, qu’il avait une mission à remplir et il se devait d’être prudent, tout en étant ouvert.
Plus tard, il m’a demandé de faire partie d’un comité permanent qui l’aiderait dans le choix des artistes et j’ai accepté évidemment car à Miqui, on ne pouvait rien refuser. D’ailleurs, parfois, cela m’énervait. Son côté  » jésuite » m’énervait, c’est-à-dire qu’il savait très bien ce qu’il voulait obtenir et il prenait la tangente pour y arriver. C’était son style à lui. Souvent, il venait dans mon atelier, on parlait de choses et d’autres, de religion notamment. Il avait des certitudes auxquelles il se raccrochait vu son éducation, son milieu familial, les études qu’il avait faites mais ces certitudes étaient enveloppées d’énormes doutes.
Moi-même, je ne suis pas pratiquant et je ne croyais pas de la même façon que lui, ce qui donnait souvent lieu à des échanges de vue assez intéressants.
Miqui était pour moi un ami très cher. Il m’a beaucoup apporté par son côté humain, amical, son ouverture sur le monde et surtout par sa grande générosité. »
Josse Goffin


« Miqui est un homme qui m’a marqué par sa façon de voir les choses. Il parlait doucement, sans beaucoup de bruit, sans beaucoup de mots mais avec le langage du cœur. C’est ce langage-là que je comprends, c’est celui qui me touche.
Ce qu’il a apporté à l’art de la céramique ? Une certaine simplicité, une spontanéité, une naïveté dans le bon sens du terme. C’était un artiste généreux chez lequel on sentait un sens de la collaboration sans arrière-pensée, sans aucune jalousie ni esprit de compétition. Je pourrais d’ailleurs dire la même chose’d’Orlandini ou d’Antoine de Vinck, par exemple.
Je rencontrais Miqui deux ou trois fois par an, toujours avec bonheur parce que c’était un homme qui dégageait une grande sérénité, même si on sentait parfois en lui une certaine inquiétude, comme s’il avait envie d’être « ailleurs ». Miqui est allé très loin dans la ligne qu’il s’est tracée car – je le dis souvent à mes élèves – quand on a une bonne base, qu’on est honnête et travailleur, on peut aller très loin. »
Antonio Lampecco

« Vers les années 1948-49, Max est venu chez nous. Il a sorti de sa poche une boîte d’allumettes, l’a présentée à mon père, Charles Leplae. A la place des allumettes, sur un fond de papier de soie, un minuscule squelette blanc. Mon père en a été tellement charmé qu’il l’a montré à son ami Pierre Caille, professeur de céramique à la Cambre. Pierre l’a regardé, a ri, enchanté de cette œuvre si inattendue. C’est ainsi que Max van der Linden commença ses études de céramique dans l’atelier de Pierre Caille.
Quelques années plus tard, j’avais alors 17 ans, mon amie Edith Dasnoy et moi sommes allées rendre visite à Max. Dans le jardin, les quatre frères ont chanté pour nous: « C’est un vieux château du Moyen-Age. » C’était l’été, on se sentait bien. Ce fut le début d’une longue amitié.
Max était un homme plein de contrastes. Je crois que sa vie a été, comme pour chacun d’entre nous, un déchirement continuel entre ce qu’on fait et ce qu’on voudrait être. En cela aussi, il était un homme passionnant et attachant. »
Agnès Leplae


« En 1965, sur les conseils du Chanoine Lanotte qu’il vénérait, Miqui m’a demandé de faire des vitraux pour la petite Chapelle Gosin, perdue au milieu des champs, à Nodebais. Ce fut le début d’une collaboration très chaleureuse, très affective. Les vitraux ont malheureusement été détruits par des vandales, ce qui nous a fort peinés. J’ai gardé toutes les lettres de Miqui, pourtant nous n’étions pas toujours d’accord sur certains points. C’est normal. Je trouvais qu’il était parfois trop timoré devant la nouveauté. Malgré tout, il essayait d’entrer dans le travail des autres, de le comprendre, bien qu’il ait son écriture à lui, pleine de charme. Parfois il me demandait des conseils. Un jour, il est arrivé avec un violoncelle éventré me demandant comment y placer une céramique.
Mais ce qui me touchait avant tout, c’était son affection. Quand l’on se voyait, c’était comme si on s’était quittés la veille. »
Louis-Marie Londot

« J’ai rencontré Max à la Cambre où nous étudions ensemble. Au début, il est arrivé en soutane de séminariste ce qui n’a pas manqué de déclencher les rires et les plaisanteries de tous genres. On le taquinait beaucoup mais il aimait cela. Après qu’il eut quitté La Cambre il a toujours manifesté beaucoup de sympathie envers ses anciens condisciples ; quand l’un de nous exposait, par exemple, il y emmenait ses amis et les gens de son village.
D’ailleurs, ce qu’il a réalisé pour les Fêtes de la Saint-Martin qu’il a créées me remplit vraiment d’admiration. Quel travail et quel résultat ! C’est grâce à lui que Tourinnes a acquis une certaine notoriété. Comme mon mari et moi connaissions bien Paul Delvaux, Max nous a un jour demandé de l’y amener. Ils ont immédiatement sympathisé. C’était un jour de fête à Tourinnes, il y a bien longtemps ! »
Sophie Nyns

« C’est à l’abbaye de Maredsous que j’ai rencontré Miqui pour la première fois. Il rendait visite aux ateliers d’art et j’y faisais un stage. Il y a de cela une quarantaine d’années. Nous avons évidemment parlé céramique et depuis lors, nous sommes toujours restés en contact, lui habitant Nodebais et moi Maredret. Plus tard, lorsque j’ai déménagé à la cure de Gottechain, il est souvent venu me voir avec des amis. Je sentais qu’il éprouvait un besoin de contacts. Nous discutions alors souvent spiritualité et comme j’étais ami des moines de Maredsous, il m’abordait toujours avec des problèmes religieux, moraux ou encore d’ordre personnel. Quand j’allais chez lui, même s’il était en plein travail, c’était « Viens, assieds-toi ». Je le regardais faire, ou je lisais une de ses revues Historia qu’il avait en grand nombre sur l’appui d’une des fenêtres de son atelier ou bien on discutait. J’aimais l’atmosphère qui régnait en ce lieu et j’appréciais énormément l’homme grâce auquel cette ambiance amicale était possible. Etais-je un frère pour lui ? En tout cas, lui l’a été pour moi.
J’ai fait partie du comité qui présidait au choix d’artistes à exposer pendant les fêtes de Tourinnes-la-Grosse. Miqui nous disait souvent : « Je ne comprends pas (ce qui n’était pas totalement vrai) mais expliquez-moi la démarche d’un tel ou un tel… de toute façon, je vous fais confiance ». Il était soucieux des réactions des visiteurs face aux œuvres exposées et parfois, son attitude me déconcertait quand il calquait son jugement sur celui des gens de Tourinnes ou quand il laissait exposer un artiste connu de lui seul, sans en avertir le comité.
De sa personne émanait comme un rayonnement paisible, tranquille, si bien qu’il m’est difficile de distinguer une seule qualité parmi celles qu’il possédait. Une grande générosité peut-être, mais elle devenait un défaut d’envergure quand il se mettait lui-même en difficulté. Il fallait qu’il agisse ainsi, qu’il se donne, qu’il soit là, qu’il aide sans compter et sans arrêt. Cela répondait peut-être à un besoin de paternité mais je pense que nous étions avant tout ses frères. »
Michel Pirard

« Un jour, il y a longtemps, j’ai reçu un coup de téléphone de Max, me demandant, avec un ton très respectueux, comme si j’étais déjà un artiste renommé, si j’accepterais d’exposer à Tourinnes-la-Grosse. J’ai été très touché, émerveillé d’être traité de cette manière. D’habitude un jeune artiste est plutôt en quête d’un endroit pour exposer, on ne l’invite pas ! Je suis donc allé voir Max dans son atelier avec son grand tableau de Delvaux. Il était emballé dans une écharpe et très enrhumé. Gentil, modeste, amical,… impossible de lui refuser.
J’ai ainsi découvert les manifestations qu’il organisait à Tourinnes et qui ont toujours attiré beaucoup de monde. A l’occasion de ces Fêtes de la Saint-Martin, bon nombre d’amitiés se sont nouées autour de lui, entre des gens très différents. Il est vrai qu’il se donnait vraiment beaucoup de peine pour mettre les autres artistes en valeur, leur donner la possibilité d’exposer. Ce qui l’intéressait avant tout dans le choix des artistes, c’était la valeur artistique, bien sûr, mais avant tout l’approche humaine qu’il trouvait dans leur travail. Là où il rencontrait une forme de méditation, de spiritualité, il était naturellement attiré.
Je crois que le fait de manipuler la couleur, la terre glaise, la pierre, cela crée pour l’artiste un rapport plus profond avec le monde et avec la nature que le fait de manipuler des idées et des concepts. Aller chez Max, c’était une manière de se reposer, de sortir des tribulations quotidiennes. On voyait un cheval passer devant la fenêtre. Max disait des choses encourageantes. On se sentait réconforté. »
Jean-Pierre Point


« J’ai connu Miqui quand il était encore très jeune. Il faisait des petites scènes en terre cuite, des squelettes dans des petits encadrements. C’était très original et c’est d’ailleurs ce qui a séduit Pierre Caille quand Miqui est arrivé à la Cambre, ce côté tout-à-fait personnel et inattendu.
Souvent, il m’a invité aux expositions de Tourinnes car il sympathisait autant avec mon travail que moi avec le sien. Comme artiste, il ne s’est jamais laissé influencer, il ne s’est jamais écarté de sa voie. C’est assez rare. Il avait trouvé quelque chose de personnel et il y est resté, fidèle. Il y a eu évolution dans la couleur, les formats, les scènes, mais la démarche artistique est restée constante. En ce sens, il m’a servi d’exemple en m’encourageant à faire de même.
Miqui était très intégré dans l’endroit où il vivait : « c’est aussi quelque chose de très positif »
Michel Smolders

Témoignage de son ami Julos Beaucarne 

Max van der Linden, dit Miqui,
Étrange personnage qui à force de fréquenter la vie des saints
Est devenu lui-même un « Saint Martin » vivant
A qui il ne reste qu’une moitié de manteau
Il parcourt depuis longtemps déjà le pays en tous sens
Dans ses voitures de presque toujours pieuse mémoire
Il est le ciment vivant de tous les voyageurs
Et de tous les habitants de ce pays roman
Où les fanfares remontent les rues et les jours.
La Néthen méandreuse l’inspire.
Son regard est plongé dans la glaise et dans le ciel.
« Mystiek en realist » comme on dit à deux pas de chez nous
Au-delà des forêts meerdaeliennes, Le pétrisseur de terre fait sortir du magma informe
Des céramiques qui ponctuent la vie des explorateurs visuels.
Organisateur, poète, écrivain à ses heures.
Ses personnages familiers sont le Jésus de Nazareth et
François d’Assise remis au goût du jour.
Les paroles des prophètes passent alors
Par le prisme de notre accent rocailleux et millénaire.
Violoncelliste averti aux instruments toujours en danger,
En équilibre instable dans son antre
S’ils ne sont pas enjambés par des chevaux qui passent par la fenêtre
Propriétaire de peintures qu’il n’expose
Que pour le plaisir de se faire voler,
Le Max, en sa grande ferme abbatiale de Nodebais,
Règne à sa façon sur un royaume de prairies,
De vent, de levers de soleil et de pommiers.
Il reçoit ses ordres directement d’en-haut
Et secoue sa tête obstinée,
Laboureur déterminé à aller jusqu’au bout du champ.
Longue vie au révélateur de ce pays peuplé de peupliers trembles,
De rivières qui débordent,
De « jets » grondants qui font trembler tous les saints en céramique
Que le Max a semés dans toutes les chapelles,
Non seulement chez nous mais de partout
Avec y compris celle de l’U.R.S.S

  Julos Beaucarne- 24 octobre 1984